
"Les Batailles sont les bornes kilométriques de l'Histoire"
Patrick Ritt



Bataille de Kadesh
1274 avant J.C.
Le choc de deux empires antiques

Finalisée en 2009 - 1142 figurines
Notre analyse :
La simulation nous permet de voir comment la division égyptienne a pu être surprise par les éclaireurs Hittites. On voit aussi que malgré une réaction rapide, les Hittites vont mettre beaucoup de temps à rallier la bataille se déroulant dans le camp adverse, ce qui scellera leur défaite.




Les empires d'orient vers 1300 avant J.C.
Bataille de KADESH en 1274 avant J.C.
Introduction
Vers 1300 avant J.C., l’empire égyptien en est déjà à sa 19ème dynastie. Dans son voisinage, de nouvelles forces apparaissent ou s’organisent. Parmi eux se trouvent les Hittites. Au fil des siècles, ils ont formé un royaume très instable et, sous l’impulsion de rois autoritaires et de grands chefs militaires, se sont récemment constitués en empire. Ce jeune empire connait de nombreuses rebellions de vassaux. Malgré cela, petit à petit, les frontières des Hittites se rapprochent des frontières égyptiennes.
Depuis des siècles, la région de Kadesh est un lieu stratégique pour le passage du commerce entre la Palestine et la Syrie et entre l'Euphrate et la Méditerranée. Cette zone frontalière va régulièrement changer de domination. Cette fois-ci, le gouverneur d’Amurru, la région autour de Kadesh, décide de se ranger du côté égyptien.
Les deux grands empires Egyptiens et Hittites vont donc une nouvelle fois s'affronter dans cette querelle de frontières pour la possession de la forteresse de Kadesh.
Ramsès II, pharaon depuis 4 ans seulement doit assurer son prestige. Muwatalli, roi des Hittites, doit soumettre son vassal défaillant afin d’assoir son autorité sur un trône toujours très disputé.
La Campagne
L’armée quitte l'Egypte vers les mois de mars-avril. Commandée par Ramsès II, elle est forte de quatre divisions, une avant-garde et la Garde du pharaon. Du côté hittite, le roi Muwatalli rassemble ses vassaux et se rapproche très rapidement de Kadesh. Il va arriver en premier et ainsi reprendre possession de la forteresse.
Des bédouins, en fait des espions hittites, assurent au Pharaon que l'ennemi se trouve à environs 200 kilomètres de là. Il peut donc tranquillement installer son camp à l'ouest de la citadelle et attendre l’arrivée de ses divisions.
Mais la capture de deux éclaireurs hittites lui révèle qu’en réalité toute l'armée adverse est installée derrière la rivière Orontes, cachée par les arbres qui longent le cours d’eau.

Le choc des éclaireurs hittites et de la division Ra

La charge vers le camp égyptien

Les dernières phases de la bataille
Les force en présence
Ramsès II n’a avec lui dans son camp que la division Amun et sa Garde, dont une unité de Shardanes (peuple de la mer, anciens ennemis à présent loyaux). L’avant-garde Nearin est en reconnaissance vers le nord. La division Ra est en approche, les deux autres divisions (Ptah et Seth) s’étirent encore sur plus de vingt kilomètres. Chaque division comprend environ 500 chars, 3 000 archers et javeliniers égyptiens et 1 500 alliés libyens ou numides.
L’armée Hittite est composée de 30 000 hommes dont 3 000 chars. Mais durant la première journée de la bataille n'interviendront que 500 à 1 000 chars.
L’arme fétiche des deux camps est le char attelé de deux chevaux. Le char égyptien, léger et fragile mais très maniable est monté par deux hommes : un archer et un conducteur, qui est aussi porteur de bouclier. Pour préserver les chars, très fragiles, les égyptiens les démontent et les transportent dans des chariots lors de grand déplacements.
Le char hittite, plus lourd, est monté par trois hommes : un conducteur, un porteur de bouclier et soit un archer ou un combattant lourd.
Les chars sont souvent accompagnés de coureurs qui en sont la protection rapprochée. Les égyptiens optent généralement pour une tactique de harcèlement grâce à leurs chars plus légers et l'utilisation d'arcs composites (plus puissants), désorganisant ainsi la force adverse avant l’engagement du corps à corps.
La bataille
La capture des deux éclaireurs Hittites, qui lui révèlent la présence de l'armée ennemie de l'autre côté du fleuve, est une surprise totale pour le Pharaon. Il décide donc de faire accélérer l’arrivée de ses autres divisions pour être prêt à la bataille le lendemain.
Du côté Hittite, on se prépare également pour une grande bataille pour le jour suivant. En attendant, une reconnaissance en force de plusieurs centaines de chars est décidée afin d’évaluer l’armée adverse.
C'est ainsi que surgissent, de derrière les arbres longeant les cours d’eau, environ 300 chars Hittites qui, par un pur hasard, se retrouvent sur le flanc de la division Ra en ordre de marche. Les Hittites transpercent la colonne adverse, la mettent en déroute et remontent vers le camp égyptien.
Dans le camp, c’est la panique ! Tout le monde se précipite sur les armes. La division Amun encaisse le premier choc. Cela donne le temps au Pharaon et sa Garde de se préparer. Un corps à corps général a lieu dans l’enceinte du campement, Ramsès II se bat en première ligne.
Muwatalli, en observation près de la rivière, décide alors d’envoyer des renforts. Une nouvelle vague de plusieurs centaines de chars traverse l’Orontes.
Mais entre-temps, le Pharaon a pris le dessus dans le corps-à-corps et commence à repousser les Hittites. Les restes de la division Ra viennent enfin de rallier le campement. Les d’éclaireurs Nearin reviennent opportunément du nord se joindre au combat. Et finalement l’approche de la division Ptah force les renforts Hittites à la retraite dont une partie seront massacrés sur les rives marécageuses de la rivière.
A la fin de cette première journée, la dernière division, Seth, rejoint le camp égyptien. Le combat s'arrête là. Le lendemain, une deuxième journée de bataille aurait eu lieu sans qu'aucun des belligérants ne prenne le dessus.
Les pertes
Les pertes exactes nous sont inconnues, mais d’après les inscriptions égyptiennes, deux frères de Muwatalli seraient tombés durant les combats.
Les conséquences
Les deux parties, ne désirant pas lancer le gros de leurs forces dans une bataille à l’issue incertaine, signent une trêve. Le Pharaon retourne triomphant en Egypte avec le reste de son armée.
Ce triomphe est raconté par un des premiers grands épisodes de propagande de l’Histoire. Le pharaon fait proclamer une grande victoire. Les fresques clamant l’héroïsme de Ramsès II subsistent encore aujourd’hui sur les murs de plusieurs temples. Il épousera la fille de Muwatalli pour sceller la paix. L’empire Hittite s’effondrera finalement de l’intérieur quelques 70 ans plus tard, vers 1200 avant J.C.
La région de l’Asie Mineure et de la Mésopotamie connaitra des périodes troubles avec un morcèlement des grands royaumes. Vers 740 avant J.C., les Assyriens prendront le dessus en battant les Babyloniens, puis s’empareront du Proche-Orient et finalement, de l’Egypte. Mais cet empire disparaîtra brutalement en quelques années vers 625 avant J.C., entrainant un nouveau partage de la région. En 560 avant J.C., sur les ruines de ces prestigieux empires, émergera une nouvelle puissance : la Perse.