
"Les Batailles sont les bornes kilométriques de l'Histoire"
Patrick Ritt



Les batailles médiévales en occident
La période médiévale, qui s’étend de l’an 600 à 1450 environ, est riche d’avancées technologiques, organisationnelles et de doctrines sur le plan militaire.
De la taille des armées
La taille des armées aura tendance à se réduire par rapport à la période antique. Les invasions de pillards seront l’un des fléaux de cet âge. Des côtes anglaises au littoral de la méditerranée, qu’ils soient vikings ou musulmans, ces envahisseurs vont apparaître en petites forces rapides et mobiles, disparaissant souvent bien avant qu’une réelle défense ne puisse se mobiliser pour les affronter.
Les croisades verront la création de grands osts de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, que ce soit en Terre-Sainte comme en Baltique. Ces armées regroupant plusieurs nationalités, du côté des croisés comme du côté des “sarrasins”, ne se forment et ne tiennent que par le charisme de grands dirigeants tels que Louis IX, Philippe-Auguste, Richard Cœur de Lion ou Saladin, qui verront bien souvent leurs efforts et héritages disparaître peu après leur mort.
Les armées sont majoritairement constituées de levées civiles ou paysannes, renforcées de groupes d’élites “professionnels”, généralement les gardes personnelles de nobles, des ordres de chevalerie monastiques ou des mercenaires. Chaque combattant doit pourvoir à son propre équipement, ou espérer être équipé par son suzerain. Les plus chanceux pourront aussi parfaire leur équipement en fouillant un champ de bataille après en être sorti indemne.
De l'évolution de l'armement et des tactiques
En début de période, lors de ce qui est communément appelé les « Âges Sombres » (env. 600-1100), la tactique la plus répandue sera celle du mur de boucliers, c’est-à-dire de former des blocs compacts d’infanterie, épaule contre épaule, présentant un front uni où les boucliers des combattants se chevauchent. Parfois même, le second rang d’infanterie pourra lever son bouclier au-dessus des épaules de leurs camarades de devant pour former une protection oblique, très utile contre les tirs de flèches ou de javelots. Cette tactique nécessite cependant l’utilisation du bouclier rond, qui se tient par une poignée en son centre, contrairement au bouclier normand plus tardif qui lui est fixé sur l’avant-bras et rend difficile le chevauchement des boucliers.
Très rapide à mettre en place, il ne nécessite que peu de formation militaire pour ses utilisateurs, justifié par l’omniprésence de levées de troupes de masse non-professionnelles dans la plupart des régions. Une fois le mur établi, il suffira d’attendre l’ennemi de pied ferme ou d’avancer vers lui en une charge tonitruante, bouclier en avant. Il faut s’imaginer le choc que cela représente, quand deux formations de plusieurs centaines d’hommes se percutent, et la pression physique que subissent les malheureux aux premiers rangs ! Une expérience similaire à celle du premier rang d’un concert de Heavy-Metal…
L’arme d’infanterie la plus répandue sera la lance. Encore une fois, son maniement nécessite que peu d’entraînement, ce qui est un incontournable au vu des levées de masses non professionnelles. D’un point de vue strictement personnel, je suppose également que ce choix prend en compte l’aspect plus “détaché” de son utilisation pour des masses non guerrières : il est moins “violent” de porter un coup de lance à un adversaire à deux mètres de distance que de lui fendre le crâne à la hache ou à l’épée... La lance étant également moins chère à produire qu’une épée, qui est une arme noble.
Progressivement, l’infanterie se verra confier davantage d’armes d’hast, comme la vouge ou plus tardivement la hallebarde, toujours en bloc compacts de deux à trois rangs, pour contrer la montée en puissance de la cavalerie lourde.
Cette montée en puissance du rôle de la cavalerie dite « de choc » est due à une avancée technologique qui pourrait sembler banale aujourd’hui : l’étrier. Grâce à cela, les cavaliers vont désormais bénéficier d’une force d’impact exceptionnelle, l’étrier leur permettant de rester bien calé en selle tout en chargeant avec une lance sous le bras, et ainsi concentrer toute l’énergie cinétique d’une charge en un point précis de quelques centimètres seulement... Ceci aura des effets dévastateurs contre un ennemi non formé ou pris de flanc, les impacts projetant leur cible parfois quelques rangs en arrière.
L’arc va continuer de se développer, sous diverses formes : court, long, composite, en atteignant l’apogée de sa puissance avec l’arc long gallois, qui causera des ravages lors de la Guerre de Cent ans. L’arbalète (re)fait son apparition en Italie au Xème siècle. De plus grande puissance, elle est capable de transpercer des armures mais sa faiblesse réside dans la lenteur de son rechargement. Là où un arbalétrier entrainé va tirer trois à quatre carreaux à la minute, un archer chevronné pourra tirer jusqu’à vingt flèches dans le même laps de temps.
L’artillerie va déserter les champs de batailles durant quelques siècles. Les balistes, scorpions ou autres mangonneaux utilisés couramment par l’armée romaine ne referont leur apparition que lors des sièges de forteresses. Vers la fin du XIIIème siècle apparaîtront les premières bombardes et canons, parfois utilisés sur le champ de bataille, mais qui resteront principalement un outil de défense ou de siège.
BCXB
Nos batailles médiévales
Voici la liste des batailles médiévales occidentales que nous avons réalisées jusqu’à présent :
Poitiers (732) - Charles Martel repousse les sarrasins (finalisée en 2003)
Stamford Bridge (1066) - La fin de l’ère viking (finalisée en 2024)
Hastings (1066) - La conquête normande (finalisée en 2009)
Azincourt (1415) - La mort de la chevalerie française (finalisée en 1995)
Et une plus exotique :
Angkor (1181) - L’apogée de l’empire Khmer (finalisée en 2015)